Transmettre la mémoire des années 60, 70 et 80 suppose d’accepter la richesse et la complexité du regard porté sur ces décennies.
Les années 60-70-80 suscitent souvent des émotions fortes, des souvenirs attachés à une époque, à un vécu, à des rencontres. Il peut arriver, dans nos échanges – que ce soit sur les réseaux sociaux ou « en vrai », autour d’une table – d’entendre des phrases comme :
« C’était mieux avant ! » ou « J’aimerais tellement revenir à ces années-là… ».
Ces mots, parfois empreints de nostalgie ou de tendresse, font partie de l’expression de chacun.
À l’Association Mémoire Vivante des Trente Glorieuses et des Années 70-80, notre ambition est de créer un espace participatif, intergénérationnel et bienveillant où toute personne peut partager son regard sur cette période, qu’il soit enthousiaste, critique, nostalgique ou curieux.
============================================
Ce projet est un appel à prendre le temps de se souvenir, de comprendre, d’interroger, de comparer, parfois même de discuter avec passion ou humour. Car la mémoire n’est jamais figée : elle se façonne dans les récits, les expériences et les débats qui circulent entre nous.
Nombreux sont ceux qui écrivent ou clament : « C’était mieux avant ! », « J’aimerais revivre ces années-là ! », « Je ressens une vraie nostalgie pour cette époque ».
=> Ces paroles, sincères ou provoquées par la mémoire sélective, réveillent souvent des émotions fortes. Elles peuvent témoigner d’un bonheur passé, d’une époque perçue comme plus simple, solidaire ou joyeuse.
=> Pour d’autres, elles suscitent au contraire des réserves : « Tu vas encore nous dire que c’était mieux avant ! », « C’est voir le passé avec des lunettes roses … », « Le présent a aussi ses richesses et ses défis ! ».
Dans notre association, nous voulons ouvrir un espace où la diversité des vécus et des points de vue peut s’exprimer librement et sereinement :
nous refusons le manichéisme – ni l’idéalisation du passé, ni le rejet systématique de la nostalgie.
nous accueillons et valorisons toutes les paroles : souvenirs heureux, souvenirs plus douloureux, regards critiques ou interrogatifs, anecdotes ou analyses.
notre ambition est de comprendre pourquoi et comment certains souvenirs deviennent source de nostalgie, d’échange ou… de controverse.
nous encourageons la rencontre intergénérationnelle, pour permettre à chacun de comparer, de débattre, de mettre en perspective les évolutions sociales, familiales, culturelles, politiques, technologiques, musicales, associatives…
Ce collectif souhaite également questionner la fonction de la mémoire dans la société d’aujourd’hui :
pourquoi et comment se fabrique la nostalgie collective ?
quels sont les mécanismes qui conduisent à idéaliser ou à critiquer une période ?
comment accueillir la parole de celui/celle qui ressent une nostalgie, sans juger ?
en quoi la transmission de la mémoire ancienne favorise le dialogue, la tolérance, voire la créativité dans le monde actuel ?
Dans un monde connecté où les réseaux sociaux accentuent la rapidité — et parfois la polarisation — des réactions, il est essentiel de cultiver l’écoute, la bienveillance, l’envie de comprendre l’autre.
Exprimer ses émotions autour d’une époque, c’est aussi prendre le risque d’ouvrir le débat, la contradiction, la conversation, avec pour objectif non pas la polémique, mais l’échange constructif et citoyen.
La mémoire collective, pour être vivante, exige pluralité, dialogue et respect.
Ainsi, loin d’imposer une vision univoque du passé, notre association souhaite ouvrir un chantier de réflexion et de partage où chacun apporte sa pierre, son souvenir, son questionnement.
En somme, souvenons-nous ensemble et interrogeons nous :
qu’est-ce qui nous pousse à dire que c’était mieux avant ?
comment faire en sorte que chacun puisse exprimer son attachement ou ses critiques dans un cadre bienveillant ?
comment transformer la mémoire en ressource, et non en source de division ?
Bienvenue à toutes et tous dans cet espace, où l’on cultive la mémoire, la discussion et la tolérance, au service d’une histoire commune et ouverte.
Patrice Chauveau, porteur de projet